Accéder au contenu principal

Le rêve de l'école finlandaise

 
L'école finlandaise est fréquemment présentée comme une école de rêve. Aujourd'hui, je vous propose un décryptage de celle-ci.

Excellents résultats scolaires

PISA, un programme international propose de comparer les résultats des élèves de 15 ans. Son domaine majeur d'évaluation concerne les sciences, puis la compréhension de l'écrit, les mathématiques et la résolution collaborative de problèmes.
Pendant deux heures, les jeunes répondent à des QCM et formulent certaines réponses en lien avec une situation inspirée de la vie réelle.
Alors qu'en 2015, au classement PISA, la France était classée 26ème sur 70 pays, la Finlande était classée 5e en sciences, 4ème en compréhension et 12ème en mathématiques.
Toutefois, les résultats finlandais étaient sensiblement en baisse par rapport aux derniers résultats 3 ans plus tôt (- 5 à -11 points sur une moyenne de 511 à 531).

Une meilleure équité

Dans l'OCDE, les élèves défavorisés sur le plan socio-économique ont trois fois plus de risques de ne pas atteindre le seuil de compétence en sciences. De plus, les élèves issus de l'immigration sont deux fois plus susceptibles de ne pas atteindre le seuil de compétence en sciences. Cependant, dans une école avec une forte concentration d'élèves issus de l'immigration, il n'est pas observé de moins bons résultats.

L'intégration, la prise en compte des difficultés et l'intérêt de l'enfant éveillé créent une véritable différence.

En France, la variation de la performance en fonction du niveau socio-économique de l'élève est de 20% alors qu'elle est de 10 % en Finlande.

Une équipe éducative formée et engagée

En Finlande,  ce sont les chefs d'établissement qui choisissent leurs enseignants. Toute l'équipe est ainsi motivée et impliquée.
Les tests PISA indiquent d'ailleurs que plus le chef d'établissement est libre de choisir son programme et sa politique d'évaluation, meilleurs sont les résultats en sciences. On obtient les mêmes résultats avec le choix du programme par l'enseignant.

Pas d'inspection, pas d'évaluation des enseignants dont pas de pression.
En revanche, la formation des enseignants est conséquente et continue

La France serait-elle une fois de plus dans l'erreur avec une volonté affichée plus grande d'un programme normé, imposé et plus d'évaluations pour tous?

De plus, le métier de professeur est bien rémunéré (environ 10 à 20 % de plus qu'en France) et valorisé auprès des parents et de la population.
Une fois en place, les enseignants bénéficient d'une grande liberté pour proposer leur enseignement. De plus, ils travaillent en équipe et environ 2 à 3 heures par semaine, ils échangent à propos de l'école et des élèves en difficulté.  

Prise en compte de chacun

Les enseignants ont pour mission de permettre à chacun de réussir, ils accordent donc une attention particulière aux enfants en difficulté. 30 % des élèves reçoivent une aide personnalisée durant la période d'instruction obligatoire.
Les professeurs cultivent également la proximité avec leurs élèves afin d'être à leur écoute.

Très peu d'écoles privées existent tandis qu'instruction et repas sont gratuits. Avoir l'estomac plein, un préalable indispensable lorsque l'enfant est en difficulté financière.

De plus, les classes sont à faible effectif et là aussi, cela change tout ! Comment s'adapter à 30 ou 35 élèves pour une seule classe ?

Encouragements pour apprendre

En Finlande, aucune note pendant les six premières années, c'est-à-dire de 7 à 13 ans.

Les commentaires sont destinés à progresser, sans comparaison entre élèves.
Pour avoir pratiqué avec mes petits élèves, ça change tout d'expliquer ce qui est réussi et d'indiquer ce qui peut être fait pour améliorer. Trop souvent, en France, les "c'est moyen", "peut mieux faire", "pas acquis" sévissent. Avec une formulation positive, l'enfant se rassure, réalise ses points forts et comprend mieux ce qu'il peut améliorer.

De la même façon, des auto-évaluations en groupe sont utilisées. Auto-évaluations sur les savoirs académiques, mais également le bien vivre ensemble.

Avant 16 ans, AUCUN test standardisé.
Auparavant, l'enfant se fixe des objectifs à atteindre

En Finlande, on considère également qu'il n'y a pas de matières supérieures à d'autres.

Des journées courtes

L'instruction obligatoire commence à 7 ans.
Ensuite, l'enfant a entre 4 et 6 heures de cours et 1h15 de récréation par jour.
Les vacances d'été durent, quant à elles, dix semaines. Les enfants ont également des vacances à l'automne, à Noël et en février.

Intéressant : 37 % des élèves finlandais ayant passé le test PISA avaient séché une journée d'école durant les deux semaines précédant le test PISA contre 11 % d'élèves français. L'assiduité scolaire aurait-elle donc un impact modéré sur la réussite scolaire ?
A contrario, environ 97 % des élèves ayant terminé leur instruction obligatoire poursuivent leurs études. Le nombre de jeunes en échec scolaire ou exclus de l'école continue de diminuer.

Une école qui se renouvelle

Depuis l'automne, l'instruction en Finlande évolue encore !
1- Une instruction possible à l'extérieur est encouragée.
2- Les enfants peuvent choisir quand et comment ils apprennent.
3- Ils sont encouragés à travailler en groupe en fonction des contenus et modes d'apprentissage
4- Développement de "l'apprendre à apprendre", de la pensée critique et de l'utilisation des nouvelles technologies
5- Compétences pouvant être évaluées lors de projets et de présentations orales
6- Jusqu'ici l'enseignant restait un "dispensateur d'informations", l'élève a désormais une place plus active et les échanges de connaissances sont encouragés.
7- Apprentissages transversaux et thématiques développés

Conclusion

Ce modèle scolaire mérite d'être étudié avec attention. Selon moi, il serait profitable de s'en inspirer pour améliorer notre système scolaire actuel qui est à bout de souffle.
D'ores et déjà, des enseignants français cherchent à modifier et améliorer l'école.
Encourageons-les. Nous l'avons vu : une bonne reconnaissance de ce métier est un préalable indispensable.
De plus, les résultats PISA et tout simplement la logique l'indiquent : avec un plus grand investissement, une meilleure motivation, les résultats s'améliorent.
Contrôler plus ne résoudra plus.
Nous avons tous besoin de CONFIANCE.

D'autre part, à titre indicatif, je suis convaincue depuis longtemps par la confiance, par la nécessité d'encourager au lieu de pointer ce qui ne va pas, mais également par la nécessité d'apprentissages transversaux, ce qui est exactement le fondement des kits et abonnements que je propose et qui sont à retrouver ici.

Merci d'avoir lu cet article et à très bientôt ! 
PS : Les parties bleues correspondent à des liens étayant mes propos

Vous cherchez des outils pour une pédagogie alternative, positive et innovante?

Commentaires

  1. J'ai toujours été pour ce système... Dommage qu'en France on s'en éloigne de plus en plus...
    Je souhaiterai soulever un point : Pourquoi 37 % des élèves finlandais sèchent-ils les cours alors qu'en France, malgré l'école que nous avons, i n'y a seulement que 11 % d'élèves qui sèchent... Serait-ce à cause du climat, du "je me repose avant un concours car c'est bon pour le cerveau", maladie ou autre...?
    Merci pour cet article...:)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Christine,
      Merci de ton intervention. Je suis comme toi : j'ai un certain nombre de questions en tête et cela d'autant plus que j'ai rencontré une famille française ayant vécu quelques temps en Finlande et ils ont régulièrement vécu de l'ostracisme... Le niveau des enseignants était effectivement très bon, l'instruction de qualité, disait-elle. Mais pas toujours facile pour les jeunes...
      J'ai relevé l'info des 37 % justement parce que je me posais la même question que toi. Maintenant, en France, seulement 11 % des élèves sèchent, mais il ne faut pas oublier que c'est à 15 ans or il me semble plus difficile de sécher à l'âge du collège en France que par exemple à l'âge du lycée, sans parler du fait que c'est (encore ?) peu dans les moeurs. Je n'ai aucune réponse. :)
      Bon week-end !

      Supprimer
  2. Un autre regard
    Même si je ne partage pas toujours son avis (pas de honte à partir en pro par exemple), la sélection par un examen draconien à 15 ans change radicalement la donne (lire aussi les lien de ses sources et dans les commentaires, avec la question du taux de suicide très élevé, bien plus qu'en France)

    http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2013/02/23/la-finlande-au-tableau-noir/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de ton commentaire Yolaine. Mon avis est en réalité mitigé. Je me suis concentrée sur les points positifs, mais pour en revenir au taux de suicide, les pays asiatiques sont très bien classés aux tests PISA, les élèves sont-ils pour autant heureux ? Là-bas le burn out des écoliers est très fréquent... C'est pourquoi je ne me suis pas limitée à ces tests car cette information est largement insuffisante...

      Supprimer
  3. Et un autre avis aussi, attention aux grandes utopies (même si revaloriser le salaire des profs en France serait déjà un grand pas en avant ainsi que la baisse des effectifs ce qui est demandé par tous les profs dans leur ensemble)
    https://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/103-conte-de-noel-finlandais

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce lien très intéressant qui rejoint d'autres observations que j'ai pu faire :)
      La facilité de la langue finnoise peut expliquer les résultats en compréhension, moins en mathématiques et sciences. Il reste d'autres éléments bien plus troublants (cf. ton article et nos commentaires ci-dessus).
      J'aurais pu intituler l'article "Déconstruction d'un mythe, conservation des points positifs", j'ai choisi de partir de ce que nous sommes nombreux à espérer "une école de rêve", puis de me concentrer sur les points positifs parce que, quoiqu'il en soit, il y a des points positifs.
      Tu me suis depuis assez longtemps pour savoir que je rêve d'une école différente, c'était l'occasion de donner des pistes concrètes. :)
      Très bon week-end !

      Supprimer

Enregistrer un commentaire