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Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray

le portrait de dorian gray

Présentation :
"Ainsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût, n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant."


Commentaire :


Réflexion sur la beauté, dualité entre la conscience/le bien symbolisé par le peintre et le vice/le mal symbolisé par Lord Henry, l'ami incitant à la dépravation ; ce roman nous présente l'évolution d'un charmant et pur jeune homme (mais l'était-il réellement ? La conscience de sa beauté ne le poussait-elle déjà pas vers le vice?) jusqu'à l'horreur la plus terrible : un assassinat... Le manichéisme omniprésent dans ce roman aurait pu être très déplaisant et pourtant, les qualités littéraires de celui-ci, la description de cette âme si sombre ; le portrait, véritable oeuvre d'art qui devient miroir de l'horreur dissimulée sous un visage parfait ; les interventions très ponctuelles de l'ami peintre afin de l'inciter à un changement positif, et ce refus d'assumer la responsabilité de ses choix par Dorian font de cet ouvrage un livre dont on peut difficilement se détourner. Il n'est pas de ceux que l'on peut facilement oublier...

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