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Un sari couleur de boue, Kashmira Sheth

Présentation éditeur :
"Leela a été fiancée à deux ans, mariée à neuf. À treize ans elle s'apprête à s'installer dans sa belle-famille quand son mari, mordu par un serpent venimeux, meurt de ses blessures. Dans l'Inde des années 1920, il y a pire que d'être un intouchable. C'est être une veuve. Leela va devenir une morte vivante. Rester cloîtrée pendant un an. Ôter tous ses bijoux, se raser la tête et ne plus porter qu'un sari spécial couleur de boue. Elle ne devra jamais se remarier. Partout où elle passera, elle portera malheur. Elle est au désespoir. Heureusement, Leela peut compter sur quelques alliés : Kanubhai, son frère aîné, qui a promis de revenir l'aider ; Saviben, sa directrice d'école, qui est décidée à lui donner des cours à domicile. Ainsi que Gandhiji, un drôle de bonhomme qui prend fait et cause pour les paysans, les tisserands et tous les opprimés. D'ailleurs, celui-ci commence à bousculer les traditions et les consciences dans tout le pays..."

Commentaire :
Coup de coeur partagé pour une histoire vraie. 
L'auteure aurait pu tomber dans différents travers : être simplement une histoire familiale, bâcler l'écriture, tomber dans le mélo ou valoriser excessivement les différents protagonistes.
Ce n'est pas le cas. Tout d'abord si l'écriture est simple, un soin particulier lui est accordé.

Quelques citations :
"Parfois mes doigts cherchent derrière mon oreille à entortiller une mèche qui n'existe plus."
"Dans les deux cas, il s'agit de poursuivre la vérité, que ce soit en luttant contre un gouvernement étranger ou contre notre propre société. Et cela demande du courage parce qu'il est plus facile de se plier aux coutumes que de les remettre en question".

Au-delà de l'histoire de Leela, c'est le sort des enfants veuves qui nous touche. Un homme pouvait se remarier; une femme ou une fille était condamnée à un deuil permanent, rasant sa tête, renonçant à tout artifice. Renonçant également à une vie sociale puisque pendant un an, elle ne devait plus quitter la maison puis serait vue comme la personne à fuir à tout prix, étant jugée comme portant malheur...
Les superstitions entraînent peur, exclusion et souffrance. Un tel livre n'est donc jamais inutile... Il va plus loin qu'une réflexion sur l'injustice et l'exclusion vécue par ces femmes et nous rappelle combien combattre les mauvaises traditions, les a-priori, les injustices (l'actualité plus générale de l'Inde est omniprésente) peut être difficile et comment d'autres ont échoué ou réussi, comment le chemin de chacun peut être différent et comment une enfant légère peut devenir une jeune femme réfléchie et engagée.
D'autre part, il est truffé d'anecdotes sur la vie indienne des années 20 y compris sur des moments heureux. On y découvre différents mots hindous, différentes traditions, Narmad et puis bien sûr Ghandiji sur qui est posé un regard tour à tour critique, sceptique ou enthousiaste. 

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