Présentation éditeur :
"Faire des mathématiques peut procurer de grandes joies, mais peut aussi faire souffrir. Comment expliquer les difficultés d’apprentissage, le manque de réussite en mathématiques que connaissent certains élèves durant leur scolarité ? Cet ouvrage évoque le sens de l’activité mathématique et des notions enseignées en classe. Il détaille les nombreux facteurs psychologiques et cognitifs qui interviennent dans les difficultés que rencontrent certains enfants dans cet apprentissage, depuis l’école maternelle jusqu’au collège. Dans une perspective donnant leur place à la psychologie du développement, à la psychanalyse et à la neuropsychologie, l’ouvrage met à jour les complexités inhérentes aux apprentissages mathématiques ainsi que les complications cognitives et affectives qui influencent le rapport singulier que chacun de nous entretient avec les mathématiques. La diversité des problématiques est prise en compte, y compris celles relevant de la « dyscalculie ». De nombreux exemples concrets d’enfants et d’adolescents sont présentés ainsi que des démarches de remédiation."
Avis après lecture :
Un avis mitigé pour cet ouvrage. Pour tout dire, si je ne l'avais pas gagné dans le cadre de la masse critique de Babelio, je ne l'aurais pas terminé et cela aurait été dommage !
Puisque le premier abord a été difficile, je vous propose de découvrir pourquoi.
Situation personnelle : J'ai une triple particularité puisque je suis enseignante de formation et me suis longtemps spécialisée auprès des profils atypiques (aujourd'hui je propose des supports pour tous avec un univers alternatif). De plus, je suis maman de jeunes femmes à profil particulier (dont troubles dys). Enfin, je suis moi-même à profil particulier.
Longtemps, les mathématiques ont été un immense bonheur pour moi. Magie des nombres, occasion d'exercer mon esprit logique, joie de découvrir des faits et des règles rassurants dans mon quotidien difficile. Ces particularités sont d'ailleurs parfaitement mises en valeur par Marc-Olivier Roux ainsi que la suite de ma propre expérience. En effet, les mathématiques-amies sont devenues instrument de torture lorsque mon haut potentiel ne m'a plus permis de compenser et que les abstractions et tracés se sont multipliés. Par conséquent, j'ai découvert alors la souffrance mathématique de l'intérieur.
Or, le premier bémol est survenu dès les premières pages. Ainsi p 14/15, l'auteur entend expliquer ce qu'on ressent à la lecture d'un problème artificiel. Il y parle de sentiment d'agression, c'est bien éloigné de ce que j'ai pu ressentir lorsque j'étais en difficulté. Pour ma part, je ressentais découragement, tristesse, sentiment d'être perdue, sentiment de nullitude et incompréhension car j'aime comprendre les choses. La formulation même de certains énoncés m'a semblé plus qu'hasardeuse. Or, c'est une composante bien trop souvent oubliée : un énoncé mal formulé entraîne bien des incompréhensions et des difficultés ! Si vous répétez encore et encore les formulations hasardeuses, les difficultés mathématiques peuvent bien vite pointer leur nez et c'est un point essentiel qui n'est pas abordé dans l'ouvrage de façon suffisante.
De plus, l'auteur insiste énormément sur l'abstraction, sur le fait que les mathématiques sont un concept, qu'ils sont impalpables. Point de vue que je ne partage pas puisque je m'attache justement à les inclure dans le concret. Au fil de la lecture, j'ai pu découvrir cependant que l'auteur cherchait malgré tout à créer de véritables références lors de ses remédiations.
Troisième bémol, il est très long dans ses présentations, trop régulièrement, au point de nous perdre. Et les exemples qui viennent illustrer s'avèrent parfois bien longuets alors même qu'aucune piste concrète n'y est proposée.
Quatrième bémol, le manque de pistes concrètes justement. A environ 2/3 du livre, j'ai dû fournir un effort supplémentaire car le sous-titre est tout de même "concrètement que faire ?" et concrètement, je ne voyais rien apparaître. Heureusement, enfin, des pistes concrètes sont apparues. Rien de nouveau pour moi dont c'est métier (et pourtant l'ouvrage méritait d'être lu, j'y reviendrai). Pas si évident pour un parent, et encore moins un jeune, qui voudrait aider. Mais à quel public cet ouvrage s'adresse-t-il ?
S'il s'agit de parents, enseignants et professionnels de la remédiation en recherche de compréhension de ce qui peut se jouer face aux maths, l'ouvrage est particulièrement intéressant à lire. S'il s'agit de trouver des pistes concrètes, il est à réserver me semble-t-il aux professionnels et enseignants à condition que ces derniers soient ou déjà sensibilisés ou bénéficient d'une formation complémentaire.
Côté positif, on retiendra le formidable tour d'horizon réalisé par Marc-Olivier Roux pour évoquer les difficultés "blocage", maturation, fonctions cognitives ainsi que les incontournables difficultés affectives qui entrent en jeu dans n'importe quel apprentissage, mais peut-être plus encore dans les mathématiques.
On retiendra également la rigueur de l'auteur, les multiples références sur lesquelles il s'appuie. C'est probablement d'ailleurs cette rigueur qui a conduit à la longueur des présentations et exemples.
On retiendra le décorticage pas à pas des difficultés possibles au fil des années et présentations mathématiques. Très clairement pour comprendre, cet ouvrage est incontournable. Et, même si j'ai une réflexion poussée sur les difficultés mathématiques, j'ai été heureuse de découvrir des pistes de réflexion supplémentaires et ai donc pris quelques notes.
On retiendra plusieurs idée essentielle que je partage avec lui : il n'existe pas un profil en difficulté, pas même des "séries de profils", il existe des individus uniques pour lesquels les difficultés varient et peuvent régulièrement s'ajouter. Il n'existe pas de malédiction des mathématiques, il est toujours possible de progresser. Et, à ce propos, il est essentiel de ne pas répéter "tu ne pourras pas" y compris à un enfant ou un plus grand qui a des troubles cognitifs importants. En tant que maman d'enfant extraordinaire, ancienne maman sans école et accompagnatrice de milliers de familles sans école, j'ai pu constater qu'un bon timing, une approche judicieuse et la confiance cultivée peuvent permettre des "miracles".
J'aurais aimé également que l'auteur développe deux idées supplémentaires :
- la nécessité de créer des "ponts" supplémentaires, des connexions parallèles en particularité pour les enfants avec troubles cognitifs. Avec une lecture attentive, je pense que l'auteur pratique cela, mais, comme expliqué, je regrette le manque d'aide concrète facile à repérer dans l'ouvrage. Pour aller plus loin, je vous propose donc de découvrir Mémoire d'éléphant-Mémoriser avec un trouble dys ou pas, l'ouvrage que j'ai rédigé.
- l'indispensable nécessité de développer les points forts de l'apprenant, en particulier si fonctions cognitives en difficulté. Une fois encore, cela apparaît un peu en filigrane dans la partie 3, trop peu.
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