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Les risques de l'évaluation scolaire


Année après année, j'observe avec consternation combien le besoin d'évaluation est plus présent.


L'évaluation permettrait de mieux cibler, de progresser.
Mais une fois encore, je le demande : apprend-t-on pour soi ou pour les autres?
L'évaluation est utile pour un enseignement imposé, un enseignement normé.
Or cet enseignement montre ses faiblesses. A titre d'exemple, selon le Haut Conseil de l'Education, en 2007, "4 écoliers sur 10 sortent du CM2 avec de graves lacunes." Le niveau continue de se dégrader...

Evaluation diagnostic

En ce moment, des enfants de CP et CE1 subissent des évaluations. Il s'agit de 3 séquences de 20 mn chacune : 2 en français, 1 en mathématiques. 

Objectifs affichés (source Eduscol) :  

  • "donner des repères aux enseignants pour aider les élèves à progresser"
  • "permettre d'avoir localement des éléments pour aider les inspecteurs dans le pilotage de proximité"
  • "ajuster les plans nationaux et académiques de formation et proposer des ressources pertinentes"
Item 3 : Cerner les besoins de formation  
Les besoins de formation des enseignants sont réels. Lorsque nous préparons les concours, nous ne sommes pas formés aux spécificités des profils particuliers. Bien d'autres besoins ne sont pas pris en considération, mais ils ne feront pas l'objet de ce billet centré autour de l'évaluation.

Item 2 : Aider les inspecteurs à accompagner
Avec trois séances de 20 mn ? Un peu limité non pour obtenir une vue d'ensemble ? Sans parler du fait que les enseignants proposant les évaluations ne sont sans doute pas ceux qui ont accompagné l'enfant auparavant.

Item 1 : Cerner les difficultés des élèves
Trois fois 20 minutes pour décider d'un niveau. 
Un enfant fatigué, malade sera-t-il au meilleur de sa forme ?
Un enfant stressé donnera-t-il le meilleur de lui-même ? Selon Tony Attwood, psychologue à la réputation internationale, un enfant angoissé peut perdre 30 points de QI (échelle de Cattell).
Trois coups de dés déterminent à quel groupe l'enfant peut appartenir. 
Bien sûr, il sera toujours possible de changer ensuite de groupe. Cependant, si vous arrivez dans une nouvelle entreprise, que vous gérez mal votre stress et qu'on vous affecte à un service bien en deçà de vos compétences, que va-t-il se produire ? Ou, tout à coup, vous parvenez à gérer le stress (ce qui est très aléatoire puisque vous avez déjà été victime de celui-ci) et vous voulez montrer vos réelles capacités ou vous vous mésestimez et vous vous laissez doucement glisser... 
C'est la même chose pour l'enfant.

Evaluation - Contrôle 


Fatigué, malade, stressé, une fois encore, l'enfant peut échouer sans que ses connaissances soient en cause. Une simple consigne mal comprise ou lue trop rapidement produira le même effet.

Oui, mais au moins, on peut être assuré des compétences acquises, non ? 
Même pas... Combien d'enfants apprennent par coeur pour tout oublier une ou deux semaine(s) plus tard ? Combien apprennent sans réfléchir, incapables ensuite de réinvestir la connaissance hors contexte identique à celui de l'apprentissage ? 
 

Les risques de l'évaluation scolaire


  • Un très grand risque d'erreur, a fortiori avec une évaluation ciblée et unique.
  • Un enfermement : "Il a des difficultés en maths"
  • Un risque d'inquiétude précoce avec possible conséquence de "couper les ailes" car l'inquiétude est extrêmement contagieuse
  • Une perte de confiance en soi : "je suis nul"
  • Une vision faussée de soi, vision qui peut persister longtemps ! "Je suis incapable de compter" en raison d'un échec ponctuel, échec ayant engendré une angoisse conduisant à un autre échec. La boucle infernale est alors lancée.
  • La non perception de difficultés lorsque l'enfant utilise sa mémoire à court et moyen terme, sans réfléchir et avoir compris

Une alternative possible ?


Evaluation diagnostic
Selon moi, l'évaluation diagnostic n'a pas de réel intérêt, elle est seulement un cliché qui ne reflète pas nécessairement ce dont est capable l'enfant. 
L'observation sur la durée nous apprend bien plus sur les forces et faiblesses de l'enfant. 
Si l'enseignant souhaite créer des groupes de niveau, un mois d'observation lui permettra plus efficacement de cerner les besoins de chacun. 

Evaluation-contrôle
Si l'enfant apprend pour lui, quel besoin de l'évaluer ? 
Lorsque vous apprenez pour vous, avez-vous besoin que quelqu'un décide si vous avez bien appris? Bien entendu, vous pouvez avoir besoin de conseils, mais avez-vous besoin que quelqu'un vérifie que vous avez suffisamment travaillé ? C'est inutile : vous apprenez pour vous.
Pour l'enfant, c'est la même chose. 
Régulièrement des parents et enseignants se plaignent "Mais il ne veut rien faire!". C'est un fait, plus on dirige l'enfant, plus il a connu d'apprentissages imposés, plus il peut refuser d'apprendre. Ce n'est pas systématique : certains enfants vont continuer d'apprendre pour eux quand un certain nombre va perdre la "petite flamme de l'envie d'apprendre". Retrouver la motivation est alors difficile, c'est pour cela que j'ai créé une formation pour "Motiver son enfant", pour comprendre comment agir autrement et conserver ou redonner cette motivation.  
Observez le jeune enfant. Regardez avec quel entrain, il s'engage à la découverte du monde. A-t-il besoin d'être évalué pour apprendre à marcher ? Pour apprendre à vous appeler maman ou papa ? Pour parler ? A-t-il besoin d'être évalué pour connaitre ses premiers chiffres, ses premières couleurs ? Non. 

Il est très difficile de déplacer son regard, très difficile de quitter ses certitudes. Il y a 12 ans, je croyais moi aussi aux contrôles. A l'école, je les ai longtemps appréciés... jusqu'au jour où je me suis trouvée en difficulté. Quelle utilité avaient-ils pour moi ? Ils ne me permettaient pas d'apprendre. Je bachotais pour collectionner les bonnes notes (et m'effondrais pour la moindre mauvaise note), pour plaire, parce que j'avais le sentiment de valoir plus en réussissant (= d'avoir une véritable valeur. Soyons cependant honnête, c'est parfois aussi une question de se "sentir plus fort que"). C'est finalement ce qu'apprennent le mieux les évaluations : un faux sentiment d'importance et l'importance de plaire, oubliant ainsi POURQUOI on apprend. A savoir pour avancer, découvrir, progresser, s'améliorer.

A la place des évaluations, on peut, par exemple, utiliser l'observation, l'auto-évaluation et la pédagogie de projet telle que je la conçois. L'enfant apprend alors pour lui.

PS : Concernant l'observation, cette semaine, j'ai ajouté deux livrets gratuits pour connaitre les objectifs des cycles 2 et 3.


Merci d'avoir lu cet article et à très bientôt !



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Commentaires

  1. Bonjour et merci pour cet article :)
    Je suis complètement en accord avec toi ;)
    A bientôt Angélique (maman d'Abel 12 ans, Orphée 6 ans et Evangéline 2 ans, tous 3 en IEF depuis 2016).

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    Réponses
    1. Merci pour ton retour Angélique :) Bonne journée !

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