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Je choisis donc je suis de Sophie Guignard

Présentation :
"Foncer, changer de route, recommencer. Depuis qu'elle est née, Sophie ne fait que ça. Un jour, elle a voulu comprendre. Elle a appuyé sur pause, bien décidée à aller chercher là où il le faudrait - biologie, psychologie, neurosciences, philosophie, littérature et bar du coin - des réponses susceptibles d'éclairer ses choix. Alors que nos choix sont ce par quoi nous écrivons notre vie et affirmons notre liberté, que savons-nous d'eux ? Pourquoi les faisons-nous, et comment ? Dans cette enquête passionnante, où les réflexions de penseurs et scientifiques viennent éclairer de folles histoires de vie, l'auteure invite le lecteur à s'interroger sur les ressorts de ses propres décisions. Pour, peut-être, demain choisir une autre route..."
 
Commentaire :
Ce bien joli titre m'avait laissé entrevoir un univers de choix et d'affirmation de soi. L'ouvrage s'annonçait de plus comme une enquête sur les choix qui guident nos vies. Le parcours atypique de l'auteure semblait intéressant, même si d'ores et déjà, je m'interrogeais : s'agirait-il seulement de choix professionnels ? Car nous sommes bien plus que cela.
 
La lecture a été agréable, vivante, agrémentée d'exemples concrets. 
Il ne s'agit pas d'un manuel pratique même si des récapitulatifs reprennent des points clés à la fin de chaque chapitre
L'ouvrage mérite d'être lu. Il est très complet et met effectivement en valeur les raisons de bien des choix. Il met également en valeur le besoin biologique d'avoir le choix...
Biais cognitifs, biais d'autorité (consistant à surévaluer l'opinion d'une personne d'autorité), biais d'excès de confiance, choix liés à notre histoire et à celle de notre famille, intuition, moi présent et moi de mémoire qui nous conduit à réécrire l'histoire et à prendre certaines décisions, poids des émotions, influence des hormones même et bien d'autres raisons guidant nos choix ; le moins que l'on puisse dire est que l'ouvrage est pensé et qu'un grand nombre de facteurs sont pris en considération.
Concernant mon inquiétude d'une mise en valeur des choix professionnels au détriment des choix personnels, elle n'avait pas lieu d'être, des situations personnelles sont également évoquées.
Si je considère la dimension enquête, l'ouvrage remplit très bien son rôle. 
 
Le bémol porte sur l'aspect existentiel. C'est un ouvrage qui gagne à être lu par petites touches, sur plusieurs semaines afin de bien s'en imprégner. De plus, nous sommes dans un contexte très particulier puisque, une loi est en cours pour fortement limiter l'instruction en famille, que d 'ores et déjà, l'extension du pass sanitaire va limiter bien des choix et qu'il est à craindre que ce soit de plus en plus le cas. Dans ces conditions, comment vivre le non choix, le choix d'autrui qui laisse si peu de place à la réflexion et au choix? Comment vivre la résistance, qu'elle qu'elle soit ? Une partie de l'ouvrage explique une partie de non choix, mais finalement très peu car il s'agit essentiellement de non choix "dans le fil de la vie" qui sont évoqués comme celui d'épouser par exemple quelqu'un du village qui plairait aux parents. Dans un ouvrage qui s'intitule "Je choisis donc je suis", j'aurais aimé voir apparaitre davantage comment des choix imposés par une autorité peuvent contraindre l'être, comment ils influencent qui je suis. Finalement est-ce que je suis lorsque je prends de petites décisions quotidiennes ou lorsque je me trouve face à de vrais choix, plus encore lorsque mes choix me placent à contre-courant ou me mettent en danger? Cette dimension n'apparait pas suffisamment à mon goût. Mon questionnement aurait sans doute été différent dans un autre contexte, mais à l'heure actuelle, le choix du titre trouve un écho en moi que je n'ai pas retrouvé dans le livre. Etait-il possible de le faire apparaitre alors que l'ouvrage est déjà dense ? Difficile de le savoir, il aurait fallu faire d'autres choix pour l'écriture de celui-ci.

Une lecture que je vous recommande car elle nous invite à réfléchir aux raisons de nos choix, met en lumière biais cognitifs, poids des émotions et pression de groupe (y compris simplement parce qu'il est difficile d'aller à contre-courant). Il est donc très probable que je revienne le picorer de temps à autre.
 
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