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7 raisons au refus d'étudier

Un peu partout, on lit que l'école à la maison ne fonctionne pas. Une fois encore, je commencerai donc par re-préciser qu'il ne s'agit pas d'école à la maison-instruction en famille, mais d'école confinée à la maison. La nuance est importante car les réalités sont différentes. Dans le premier cas, c'est le parent qui est responsable de l'instruction. Dans le second cas, le parent doit suivre les consignes enseignantes.
Ce billet ne vise cependant pas précisément l'une ou l'autre des réalités car il peut concerner chaque enfant, qu'il soit instruit en famille, instruit en école confinée ou instruit en présentiel. Cependant, indispensable d'évoquer l'un et l'autre dans ce long billet.

Raison 1 : La "digestion"

Pour les anciens de l'instruction en famille, cette réalité est bien connue. Elle ne l'est pas des parents débutants en IEF, des parents qui scolarisent, des enseignants et de la quasi-totalité des professionnels de l'enfance.
Et pourtant, c'est une raison qui explique aussi les dysfonctionnements de l'école à la maison-confinée.
Un enfant déscolarisé réagit généralement de deux façons (les 2 pouvant se suivre) :
- envie de commencer tout de suite, enthousiasme
- refus d'étudier
En tant que parent sans école débutant, c'est très déstabilisant ! Souvent, on a beaucoup misé sur l'instruction en famille et voilà qu'on se heurte à un mur ! L'enfant ne veut pas entrer dans les apprentissages !
Que se passe-t-il ?
Et bien, les 6 raisons à venir sont responsables de cet état de fait, mais pas seulement.
L'enfant déscolarisé peut avoir été en souffrance à l'école et avoir tout simplement besoin de digérer ce passif.
Vous pensez qu'il n'a aucune raison de "digérer" ? Qu'il n'a pas été harcelé par ses camarades ou même par un enseignant ? Détrompez-vous : la (quasi?)- totalité des enfants qui sont déscolarisés passent par cette étape. Certes, la plupart des enfants déscolarisés le sont en raison de souffrances scolaires (harcèlement bien sûr, mais beaucoup plus fréquemment besoin d'apprendre à un autre rythme (plus ou moins vite, autrement)).
L'enfant a besoin de digérer ces années de "trop", trop de négation de son rythme personnel, trop de contraintes. Il a besoin de se retrouver et peut-être même de vous retrouver.

Raison 2 : Les préoccupations 

Si l'enfant a eu le sentiment de ne pas compter pour vous, cela ne veut pas dire que c'est vrai. Nous sommes une majorité de parents à nous soucier de notre enfant, mais lui peut l'avoir ressenti ainsi. Il a donc besoin d'être rassuré, besoin de se sentir vu. Si vous voulez, je propose des défis pour contribuer à ce sentiment, notamment"Défis regards pour se sentir aimé(e)" ici.
L'enfant peut également se sentir préoccupé(e) pour bien des raisons dont, en ce moment, le coronavirus et le confinement.
Je vous encourage à permettre à l'enfant d'exprimer ses préoccupations et à lui proposer un peu de magie dans sa vie : des moments de jeu ensemble, des recettes expérimentées, des bricolages, des expériences, une cabane dans le salon, un parcours d'agent secret comme je propose et des enfants qui ont mis en pratique dans leur couloir ici, un jeu partagé sur Skype (ici nous apprécions Times up ou une version détournée ainsi j'ai proposé d'utiliser des personnages "Qui est-ce" d'un jeu Pixar-Disney (ici) et d'y jouer façon Times up (=1 mot, 1 mime pour faire deviner le personnage).

Raison 3 : Le découragement

Difficulté à avoir des explications en direct, perte de repères, difficulté à se connecter pour l'école confinée.
Difficultés persistantes pour l'enfant en difficulté d'apprentissage. C'est encore plus vrai lorsque l'enfant a des mois ou des années de suivi derrière lui, un redoublement à la clé et toujours l'impression que ça ne va pas.
L'enfant ou l'ado se sent incompétent.
Il est découragé.
Pourquoi apprendre ou étudier ? Il est condamné à l'échec.
Cet enfant encore plus qu'un autre a besoin de se sentir compétent.
Encouragez-le à réaliser des activités où il est en situation de réussite, participez avec lui ou bien demandez-lui de vous montrer.
Il serait également important que l'enfant apprenne autrement. A titre indicatif, c'est l'objet de mon travail : les apprentissages différents (lien).

Raison 4 : La pression ressentie et sa compagne l'opposition

Si l'enfant ne réussit pas, s'il se sent en difficulté, il peut réagir de plusieurs façons. De toutes les façons, il perd confiance en lui. Mais, il peut ensuite :
- ou s'effondrer, estimer qu'il est incapable. L'opposition est alors intrinsèque, l'enfant est bloqué.
- ou s'opposer vivement. Il n'en peut plus, il explose !
La pression peut être extérieure : parent, proche, enseignant, société ou interne.
Dans le premier cas, je vous encourage à limiter cette pression. Encourager l'enfant à donner le meilleur de lui-même signifie aussi réaliser que nous n'avons pas tous le même tempérament et le même potentiel. C'est plus facile pour certains que pour d'autres. Mieux vaut avancer pas à pas et régulièrement que courir et ne voir le bout de la falaise que lorsqu'il est trop tard.
Dans le second cas, l'enfant doit apprendre à gérer le perfectionnisme. Le désir de s'améliorer constamment est une qualité, mais il ne s'agit pas d'attendre de soi la Lune car si cet enfant là n'est pas toujours concerné par le refus d'étudier (il risque davantage une forme de burn out), il peut l'être en refusant de tenter car il sait ne pas pouvoir atteindre la perfection.
PERSONNE ne peut atteindre la perfection. En revanche, ne pas tenter est le meilleur moyen d'échouer. Même une graine a besoin d'être dans la terre pour pousser : dans un sachet, elle ne donnera rien.

Raison 5 : Une certaine forme de paresse liée au zapping

Oups, ai-je dit un gros mot ? Je ne le crois pas. Sous prétexte de bienveillance, ne passons pas à côté de cette raison pourtant existante.
Aujourd'hui plus encore qu'hier, dans notre monde occidental, les enfants sont souvent habitués à avoir tout, tout de suite. Ils ont une grande quantité de jeux et jouets. Ils ont des écrans et même de plus en plus souvent des smartphones ou iphones (je vous avoue que moi, je ne maitrise pas ce sujet des portables) alors qu'ils sont jeunes. Ils savent surfer sur le net avant même de savoir raisonner. Zip un coup de zappette, zap un coup de souris, clic une touche du clavier, clap validation avec "entrée". Ils ne se posent généralement pas de question, ils vont d'un site à l'autre, d'un contact à l'autre. Ils ne trouvent pas assez vite ? Hop, ils vont ailleurs. Un copain les ennuie ? Zip, ils changent de conversation et de copain. C'est avec désolation que je constate combien les repas de famille pour les jeunes se passent désormais la plupart du temps par écran interposé. Pourquoi faire des efforts dans une société où il est facile de zapper ?
Et si on introduisait un peu de frustration dans tout ça ?
Non, ce n'est pas aller à l'encontre de la bienveillance. Au contraire !
Pour se projeter, pour imaginer, il faut un peu de temps pour s'ennuyer et donc pour réfléchir.
Pour progresser, il faut aussi se tromper et apprendre de ses erreurs.
Limiter les écrans, ce n'est pas un gros mot.
Encourager à réfléchir à l'utilisation des outils technologiques, non plus.
Et même avec les jeux, on peut limiter... Ont-ils besoin d'avoir toujours tous les jouets demandés ? Et si on leur demandait de différer pour vérifier que l'envie reste ? Pour justement l'apprécier plus encore lorsqu'il est offert ? Et si on lui demandait de faire un roulement avec des jeux cachés de leur vue et puis d'autres offerts. Quel plaisir alors de retrouver un jouet qui n'était plus là ? Bien sûr, les jouets préférés, eux, ne sont pas l'objet du roulement.

Raison 6 : L'immaturité : la nature enfantine

Les enfants ne sont pas les seuls à avoir pris l'habitude d'obtenir très vite ce qu'ils souhaitent. Aujourd'hui, nous sommes de plus en plus nombreux à oublier que le terme d'enfance a un sens.
Un enfant n'est pas un adulte.
On peut tout à fait considérer que l'enfant n'est pas inférieur à l'adulte et comprendre qu'un enfant est un être avec des besoins particuliers et qu'il est immature. La nature a fait en sorte que les petits mammifères passent du temps avec leurs parents, ce n'est pas pour rien.
L'enfant a besoin de grandir et à 4, 5, 9, 12 ou même 15 ans, on ne réalise pas forcément pourquoi il est important d'étudier.
C'est pourquoi il est particulièrement important de prendre en considération la raison 7 : le manque de sens.

Raison 7 : Le manque de sens

Le manque de sens, c'est bien sûr l'intérêt. Pourquoi apprendre ceci ou cela ? Quel intérêt pour moi ? Pour l'enfant qui murit vite ou qui aime apprendre, cet intérêt sera vite reconnu. Pour l'enfant qui a d'autres préoccupations, ce sera plus compliqué.
A titre personnel, c'est très exactement pourquoi j'ai imaginé une pédagogie de projet, une pédagogie du sens (lien). Tous les jours, je reçois des messages de parents m'expliquant combien mes outils ont tout changé, combien l'enfant s'investit. Ce matin encore, une maman m'a écrit pour me dire combien son enfant jusque là peu autonome et impliqué se passionnait pour le kit choisi. Elle parle de "magie". Ce genre de commentaire me touche profondément, j'aime me sentir magicienne, cependant je suis surtout une pédagogue du sens.
Le sens, peut-être la raison la plus importante.
Pourquoi apprenez-vous ? Pourquoi travaillez-vous ? Même si vous détestez votre travail, vous travaillez parce que vous gagnez de l'argent, de l'argent qui vous permet de vivre, c'est le sens de votre travail.
Pour l'enfant loin de ces contingences matérielles, le sens est plus important encore. Il apprendra d'autant mieux que ce qu'il apprend à un sens, fait sens pour  lui.

Vous cherchez des outils pour une pédagogie alternative, positive et innovante?

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