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Réformes scolaires : erreurs de direction


Un cadre noir à demi-effacé, un cadre noir empli de brouillard... Voilà ce que je crains avec des réformes à venir...

Réformes scolaires à venir :
Je ne les connais pas toutes, mais d'ores et déjà plusieurs mesures me semblent de fausses bonnes idées...
  • L'instruction obligatoire dès 3 ans

La quasi-totalité des enfants de 3 ans sont déjà scolarisés.
Une instruction obligatoire signifiera des objectifs visés... Des grilles à compléter... A trois ans, les écarts entre les enfants sont énormes ! Pour commencer, certains auront 3 ans lorsque d'autres auront à peine 2 ans 1/2... L'enfant de décembre devra officiellement être instruit...
Or les attentes étouffent trop souvent l'enfant. Le petit est un être dynamique, curieux. Il vit une croissance exponentielle ! Ses ailes seront-elles rognées parce qu'il ne rentrera pas dans la case décidée pour lui ?
  • La dictée quotidienne

Dans une autre vie, dans une vie où j'étais formatée "éducation nationale", dans une vie où ma scolarité m'avait permis d'accumuler les 20/20 en dictée, parfois même des 21/20, je croyais très fort aux dictées.
Et puis la vie a mis la dyslexie sur ma route... Et j'ai découvert le découragement des enfants dys... J'ai découvert la perte de confiance en soi avec des dictées a priori insurmontables...
Combien de crises au sein des foyers pour préparer les mots de la dictée qui toujours s'échappent...
Combien de confiances rongées jour après jour ?
Après avoir rejeté massivement la dictée en ayant découvert à quel point elle pouvait saborder un enfant, je suis légèrement revenue sur ma position car certaines petites dictées choisies et préparées (texte intéressant, adaptées au niveau de l'enfant, explication du vocabulaire, etc.) peuvent éventuellement être utiles.
Pourtant, il existe d'autres outils bien plus efficaces que j'ai expérimentés ou imaginés, des outils qui aident à développer la confiance en soi.
C'est une des raisons qui m'ont fait créer des Ailes pour apprendre, je vais continuer de chercher comment accompagner car je crains les conséquences de ces dictées... 
  • Des évaluations plus fréquentes 

A l'heure actuelle deux grandes évaluations au primaire. Désormais une autre évaluation est prévue pour le CP !
Ma fille aînée a connu ces "grandes évaluations". Au programme, épuisement, inquiétude et perte de ses moyens... Je me souviens encore des visages chiffonnés et ternis de ses camarades... Entre mamans, nous parlions de leur fatigue extrême au moment de ces évaluations...
Une évaluation ne reflète jamais exactement ce que l'on sait et encore bien moins ce que l'on peut réaliser... Elle est un instantané faussé...
Imaginons que demain votre employeur vous soumette à une batterie de tests durant plusieurs jours, votre avenir professionnel en dépend. Saurez-vous tous gérer cette pression ? Imaginons que vous soyez malade ou perturbé par un évènement extérieur... Les enfants concernés n'ont même pas 10 ans, certains en auront seulement 5...
  • Le redoublement rétabli

Rétabli ? Mais le redoublement n'a jamais été supprimé ! Environ un de mes neveux sur trois a redoublé ! L'une d'elle a redoublé l'an dernier à 10 ans et un autre redoublera sans doute cette année !
Des études officielles indiquent pourtant l'inefficacité du redoublement. Je ne connais aucune étude exposant la réussite du redoublement... Alors, si dans certaines situations exceptionnelles, il peut se justifier, ce n'est généralement pas le cas.
Un redoublement rétabli alors qu'il n'avait pas disparu me laisse craindre encore bien plus de redoublements inutiles...
  •  Des camps scolaires de soutien

Pour qui ?
J'ai peur en pensant aux pays asiatiques où dépression juvénile et burn out sont au rendez-vous... Trop d'attentes, trop de pression... L'excellence est visée. Quasiment tous les enfants suivent un soutien scolaire...
Et puis qui les animera ?
Si une méthode n'a pas fonctionné et que la même méthode est reprise, qu'est-ce qui changera pour l'enfant ? Le plus petit nombre ? Est-ce suffisant ?
  • L'instruction en famille menacée ?

Face à de telles mesures, plus de familles encore seront tentées par l'instruction en famille et ce sera plus vrai encore si encore plus d'enfants sont en souffrance...
Aujourd'hui de plus en plus de parents français souhaitent plus de bienveillance scolaire...
Les attentes trop lourdes entrainent des pertes de confiance en soi et peuvent par conséquent entrainer un "à quoi bon, je n'essaie pas, je ne peux pas"...
Un groupe de travail est peut-être déjà occupé à discuter de l'avenir de l'instruction en famille.
Y aura-t-il des conditions comme c'est le cas désormais pour les écoles hors contrat ? Celles-ci ne seraient pas justifiés... Un parent sans école n'est pas un enseignant et il n'est pas besoin d'avoir bac +3 ou plus pour instruire son enfant...
Parions sur l'information.
Retrouvez les témoignages partagés sur Faire l'école à la maison ainsi que les études. 

Changer l'école

Oui, l'école a besoin d'être changée. Je salue cette volonté ministérielle, mais un retour à une école d'antan n'est pas la bonne alternative.
Les enfants d'aujourd'hui ne sont plus majoritairement des enfants destinés aux travaux répétitifs.
Dans un monde en mutation, ils ont besoin d'exercer et dompter leur créativité.
Oui, les apprentissages fondamentaux me semblent à moi aussi importants, mais d'autres voies plus constructives sont à privilégier.

Malgré mes différentes alertes, je décide de garder confiance. L'enfant n'est pas seul, nous sommes là: enseignants bienveillants et parents attentifs. De plus, ma volonté de voir le verre à moitié plein m'indique aussi une volonté de réforme, j'espère donc que les yeux s'ouvriront sur les réformes nécessaires à réaliser. 
Pour ma part, je continue mon chemin dans ce sens, je poursuis le travail de mes précurseurs, les pédagogues innovateurs. Je continue de communiquer, transmettre et si besoin, comme je l'ai déjà écrit au ministère, comme d'autres pédagogues expérimentateurs, je suis à sa disposition pour un dialogue constructif.

Merci d'avoir lu cet article et à très bientôt !

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Commentaires

  1. A propos de l'instruction obligatoire à 3 ans : à 3 ans, mon enfant commençait à peine à parler, marchait depuis seulement 6 mois. Elle n'a été totalement propre qu'à 4 ans et demi (on --médecin, amis/parents bien intentionnés, des inconnus dans le bus --!!!-- nous avait alarmés sur son "retard"... elle est maintenant un moulin à parole et tout va bien dans tous les domaines).....Elle n'aurait de toute façon pas été acceptée à l'école. Comme d'autres enfants que leur maman voulait scolarisé alors qu'ils n'étaient pas encore propre et qu'ils avaient encore besoin d'un doudou. Une maman rencontrée au Lieu d'Accueil Parents-Enfants avait même raconté comment l'enseignante arrachait quasiment le doudou aux enfants qui refusaient de le laisser à l'entrée de la classe, et pensait que son enfant était "malheureux à la maison" puisque pas encore propre à 2 ans et demi..... Des enfants formatés à tout prix, voilà ce qu'ils veulent, semble-t-il, et attention, qu'aucune tête ne dépasse, surtout...

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    1. Merci pour ce témoignage qui montre une fois de plus que chaque enfant a son propre rythme...

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