Quatrième de couverture
Dans les soixante-quinze sketches publiés dans ce livre alternent monologues, textes à deux ou plusieurs personnages. Ces sketches, Raymond Devos- les anime généralement sur scène mais chacun est une remarquable réussite d'écriture. On peut lire les sketches de Devos et beaucoup rire, même sans le voir
- les jouer. Privilège réservé seulement aux plus grands auteurs comiques. Raymond Devos en fait partie et Sens-dessus dessous en apporte la preuve éclatante.
Commentaire après lecture :
Un excellent moment pour les amateurs de jeux de mots, mais pas seulement : certains sketchs peuvent facilement être appréciés par des enfants. :)
Le visage en feu :
"J'arrive à un carrefour, le feu était au rouge.
Il n'y avait pas de voitures,
je passe !
Seulement, il y avait
un agent qui faisait le guet...
Il me siffle.
Il me dit :
- Vous êtes passé au rouge !
- Oui ! Il n'y avait pas de voitures !
- Ce n'est pas une raison ! "
Je dis :
- "Ah si ! Quelquefois, le feu est au vert...
Il y a des voitures et...
je ne peux pas passer !"
Stupeur de l'agent ! Il est devenu tout rouge.
Je lui dis :
- "Vous avez le visage en feu !"
Il est devenu tout vert !
Alors, je suis passé !"
Jeux de mains :
Un jour, dans un salon... je bavardais... avec des gens.
J'avais les deux mains dans mes poches, et tout à coup... alors que j'avais toujours les deux mains dans mes poches... je me suis surpris en train de me gratter l'oreille.
Là, j'ai eu un moment d'angoisse. Je me suis dit :
"Raisonnons calmement... De deux choses l'une :
- Ou j'ai une main de trop... et alors j'aurais dû m'en apercevoir plus tôt...
- ou il y en a une qui ne m'appartient pas !"
Je compte discrètement mes mains sur mes doigts... et je constate que le monsieur qui était à côtè de moi, et qui apparemment avait les deux mains dans ses poches, en avait glissé une dans la mienne par inadvertance...
Que faire ? Je ne pouvais tout de même pas lui dire : - Monsieur ! Retirez votre main de ma poche !...
Ça ne se fait pas !
Je me suis dit : "Il n'y a qu'une chose à faire, c'est de lui gratter l'oreille. Il va bien voir qu'il se passe quelque chose d'insolite."
Je lui gratte l'oreille... et je l'endends qui murmure : - Raisonnons calmement ! De deux choses l'une :
- Ou j'ai une main de trop... et alors j'aurais dû m'en apercevoir plus tôt...
- ou il y en a une qui ne m'appartient pas !
Et il a fait ce que j'avais fait. Il a sorti sa main de ma poche... et il s'est mis à me gratter la jambe !
Que faire ? Je ne pouvais tout de même pas lui dire : - Monsieur ! Cessez de me gratter la jambe !
Il m'aurait répondu : - Vous me grattez bien l'oreille, vous !
Et il aurait eu raison... Et puis, ça ne se fait pas !
Et, subitement, j'ai réalisé que ma poche était vide puisq'il en avait retiré sa main.
Je pouvais donc y remettre la mienne !
Lui remettrait la sienne dans sa poche, et chacun y trouverait son compte.
Je retire ma main de son oreille... que je n'avais plus aucune raison de gratter... ça ne se justifiait plus... !
Et comme je m'apprêtais à la glisser dans ma poche, il retire sa main de ma jambe... et la remet dans ma poche à moi !
Ah ! l'entêté ! De plus, moi, j'avais une main qui restait en suspens !
Hé !... où la mettre ? C'est qu'une main, ça ne se place pas comme ça ! Ah ! j'ai dit : Tant pis !...
Et je l'ai fourrée dans sa poche à lui !
Il est certain que, momentanément, cela équilibrait les choses !
Mais !... et c'est ce que je me suis dit :
"Tout à l'heure... quand on va se séparer... il va se passer quelque chose !"
Eh bien, mesdames et messieurs, il ne s'est rien passé. Il est parti avec ma main dans sa poche !
Alors moi... j'ai couru derrière, je l'ai rattrapé, je l'ai insulté, il m'a insulté... et, petit à petit, on en est venus aux mains !
Quand il a sorti ma main de sa poche, je l'ai récupérée au passage, et je lui ai flanqué la sienne à travers la figure en lui disant :
- Monsieur ! Nous sommes quittes !
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