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Baguettes chinoises par Xinran

baguettes chinoises roman

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  Un roman permettant d'illustrer le thème : "La femme et le désir d'émancipation".
En effet, les baguettes, ce sont les femmes, "utilitaires et jetables" selon les paysans chinois au début des années 2000... alors que les hommes sont les "poutres destinées à soutenir la maison".
L'auteure est une citadine et ancienne journaliste ; elle a découvert cette réalité lors d'un reportage. Pour écrire cet ouvrage, elle s'est inspirée de différentes rencontres réalisées alors.

Cependant, si vous souhaitez lire un roman, si vous recherchez du suspense, une intrigue, il est probable que cet ouvrage vous déçoive. En ce qui me concerne, je pense que le nom de "roman documentaire" est plus juste et à ce titre, il est très intéressant. Les histoires ne sont pas palpitantes, elles sont un peu "lisses". Par contre, la culture chinoise est très bien présentée. De nombreuses anecdotes permettent de mieux la découvrir. Un livre vraiment intéressant.

Mais le sujet du roman est avant tout le désir d'émancipation de ces femmes qui n'en peuvent plus d'être rejetées, condamnées à épouser des hommes qu'elles n'aiment pas, à les servir ou à se suicider... Quelle importance après tout : elles ne sont que des "baguettes" remplaçables... Trois d'entre elles décident ici d'un destin différent et découvrent avec stupeur combien la vie en ville peut être différente.

Dans cet ouvrage, on peut lire :
- page 226 "A ton avis, Six, pourquoi nos deux oreilles se trouvent-elles de chaque côté de notre tête ? C'est pour nous permettre d'entendre ce qui vient à la fois de droite et de gauche, car ce ne sont pas les mêmes sons.  [...] Certaines assertions sont vraies, d'autres fausses, mais au bout du compte personne ici-bas ne peut prétendre détenir l'ultime vérité. Il est important de se faire sa propre opinion des choses sans s'en remettre aux convictions des autres. Mais il ne faut pas douter de tout en permanence."
- p 228 "La discrimination sexuelle des patrons" (extraits)
"Quand un patron voit une photo de famille sur le bureau d'un de ses employés, il se dit :"Mmm... voici un homme responsable et très dévoué à sa famille." Quand un patron voit une photo de famille sur le bureau d'une de ses employées, il se dit :"Mmm... son travail n'est pas sa priorité dans la vie, inutile d'espérer la voir s'investir pour la société."
Quand un patron voit que le bureau d'un de ses employés est en désordre, il se dit :"Comme il est travailleur et consciencieux ! Regardez ça. Il n'a même pas le temps de ranger son bureau." Quand un patron voit que le bureau d'une de ses employées est en désordre, il se dit : "Regardez-moi ce bazar.  Je ne donne pas cher de ses qualités organisationnelles."
[...]
Quand un patron découvre qu'un de ses employés le quitte parce qu'il a trouvé mieux ailleurs, il se dit :"Voilà un homme qui sait ne pas laisser passer une bonne opportunité quand elle se présente, c'était un bon élément, dommage qu'il nous quitte !" Quand un patron découvre qu'une de ses employées le quitte parce qu'elle a trouvé mieux ailleurs, il se dit : "On ne peut jamais compter sur des femmes !"
- p 276 : (paroles de Cinq considérée comme l'idiote du village)
"[...] au village tout le monde me prenait pour une idiote. Et souviens-toi maman disait : "Trois n'a peut-être pas encore les sens très éveillés, mais Cinq n'a rien à éveiller du tout !" Pourtant, tu vois, au Palais du Dragon d'eau, tout le monde trouve que je suis douée. Même les chefs de service, qui traitent les campagnardes de bonne à rien, ils disent que je suis futée. [..]"

Présentation éditeur :

« Je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre ! ». C’est ce cri qui a donné envie à Xinran d’écrire cette histoire. Celle, lumineuse, chaleureuse, émouvante, de trois soeurs qui décident de fuir leur campagne et le mépris des autres, pour chercher fortune dans la grande ville. Soeurs Trois, Cinq et Six n’ont guère fait d’études, mais il y a une chose qu’on leur a apprise : leur mère est une ratée car elle n’a pas enfanté de fils, et elles-mêmes ne méritent qu’un numéro pour prénom. Les femmes, leur répète leur père, sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d’une maison. Mais quand les trois soeurs quittent leur foyer pour chercher du travail à Nankin, leurs yeux s’ouvrent sur un monde totalement nouveau : les buildings et les livres, le trafic automobile, la liberté de moeurs et la sophistication des habitants…Trois, Cinq et Six vont faire la preuve de leur détermination et de leurs talents, et quand l’argent va arriver au village, leur père sera bien obligé de réviser sa vision du monde. C’est du coeur de la Chine que nous parle Xinran. De ces femmes qui luttent pour conquérir une place au soleil. De Nankin, sa ville natale, dont elle nous fait voir les vieilles douves ombragées de saules, savourer les plaisirs culinaires et la langue truculente de ses habitants. Et d’un pays, une Chine que nous découvrons par les yeux vifs et ingénus des trois soeurs, et qui nous étonne et nous passionne car nous ne l’avions jamais vue ainsi."

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