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Apprentissages autonomes/ Unschooling/ Libre-schooling


L'article ci-dessous vous propose une réflexion personnelle autour du unschooling, des apprentissages autonomes, cette réflexion n'entend donc pas être une réponse absolue, mais simplement celle que nous avons choisie.

   Pendant plusieurs années le unschooling m'a intriguée et inquiétée... 
Pouvait-on avoir une telle confiance en l'avenir qu'il suffisait d'attendre que l'enfant demande?
Et si rien ne se produisait ? Et si mes enfants terminaient en ermites incultes au fond d'une caverne ?
Argh vision effrayante de deux filles aux longs cheveux emmêlés, hirsutes et sales grouillant de branchailles, de pouzailles et d'insectailles alors qu'elles seraient incapables d'aligner trois mots !




Pour nous il avait toujours été important que nos filles aient certaines valeurs : nous leur avions appris à être polies (sans les contraindre à embrasser une joue lorsqu'elles étaient petites puisque c'est un acte personnel, le bisou est pourtant arrivé), à prendre soin de leur corps, à ne pas taper si elles n'obtenaient pas ce qu'elles voulaient, etc. Nous n'avons pas été des parents parfaits, mais nous avons tâché d'opter pour une éducation respectueuse.


   Nous n'avons pas choisi l'instruction en famille par réaction contre l'école, pas même parce que c'était une décision longuement méditée. Mais puisque le système scolaire n'était pas adapté à nos filles, nous avons très vite pensé que nous ne pouvions reproduire l'école à la maison. Comme beaucoup de familles instruisant ses enfants nous avons donc mêlé plusieurs approches tandis que je cherchais à m'informer sur le unschooling.

En effet j'étais persuadée par mes lectures, par des échanges, par nos expériences qu'on apprend bien mieux lorsqu'on s'intéresse à ce que l'on fait, lorsque l'apprentissage a du sens ! 
Ainsi que retenez-vous le mieux ? Ce qu'on vous a imposé ou bien ce qui vous a passionné, interpellé ?  

Le unschooling me semblait aller dans ce sens, mais j'avais parfois l'impression que le unschooling était synonyme d'attente, de ne rien faire... et cela ne pouvait pas me parler. Mais au fil des discussions, de différentes lectures (un exemple ici), j'ai perçu le unschooling, les apprentissages autonomes d'une autre façon et je me suis aperçue qu'au fil du temps nous avions opté pour ceux-ci dans le sens "non imposition et suivi des intérêts et besoins de l'enfant" et nous avons opté pour le terme de libre-schooling : suivre les demandes des filles, répondre ou non à mes propositions, opter pour la liberté d'apprendre pour mieux apprendre.
Aujourd'hui mes filles ne ressemblent pas à deux femmes préhistoriques incultes puisque l'une est bachelière, l'autre vise de longues- très longues études, elles aspirent plutôt à ça :

Lire-Voyager-Créer

  Contrairement à ce que je pouvais imaginer, je ne suis pas restée assise à une table ou je ne me suis pas agitée loin d'elles en me demandant si elles allaient avoir un déclic, je les ai accompagnées.
Régulièrement je leur demande : que souhaites-tu apprendre ? ou bien je les observe et je propose. De leur côté elles ont également été actrices de leurs apprentissages en cherchant seules à s'informer ou se former.

   Alors concrètement comment se passe les apprentissages ici ? 

  • Nous avons régulièrement exploré via des voyages virtuels (lien), via des voyages réels, des lieux visités (musées, châteaux, etc.). Nous avons commencé par des visites qui les intéressaient de manière certaine mais également par des visites a priori moins parlantes. Jamais une visite n'a été imposée et si la visite s'avère ne pas intéresser ou qu'une partie du lieu visité intéresse moins, elles accélèrent le pas, nous visitons chacun à notre rythme. Cela ne nous empêche pas de revenir sur nos pas pour partager telle ou telle découverte. 
  • Nous avons beaucoup expérimenté lorsqu'elles étaient plus jeunes : quelques expériences sont à découvrir dans la rubrique homonyme sur le blog (ici)
  • Nous avons également observé : dans la nature, autour de nous, ce que nous croisions, via des documentaires, etc. 
  • Elles ont énormément joué. Jeux de société ou jeux entre elles. Revivre un moment d'histoire en le faisant vivre via des playmobils ancre ce qui a été vu/entendu et nul besoin de demander à ce que ce soit fait, l'enfant réinvestit ce qui lui parle. Jeux de société, jeux pédagogiques. Jouer pour le plaisir de jouer, pour se détendre, se projeter, grandir en prenant le temps d'être un enfant. ☺ 
  •  Nous avons beaucoup lu : lu ensemble pendant très longtemps y compris lorsque les filles sont devenues ados ; lu séparément, échangé autour de nos lectures. 
  • Beaucoup d'apprentissages informels donc y compris vidéos, échanges divers, cuisine, bricolages, sorties.
  • Beaucoup de créations : dessins, musique, couture, bricolages, sketchs, écritures diverses.  Lorsque je propose une création aux filles, je n'impose rien, je propose, elles sont libres de modifier ce qui leur convient. Si l'objectif est d'encourager la créativité, il me semble antinomique d'imposer. 

  • Mais les apprentissages autonomes ne me semblent pas antinomiques avec des supports formels. Des supports scolaires ou parascolaires ont donc également été proposés et utilisés. Pourquoi faudrait-il s'en priver ? Ils peuvent plaire à un enfant, ils sont un outil comme un autre. Toutefois ils ont toujours été choisis avec les filles. Parfois ils ont remporté un grand succès et parfois pas du tout et ils ont été relégués sur une étagère... Difficile d'être absolument sûr d'un support avant de l'avoir testé : un support peut ainsi convenir à un enfant et pas à son frère ou sa soeur, il peut même convenir à un moment M et pas à un autre. Le support ci-dessus a été parfois utilisé comme un manuel de lecture pour avoir une vue d'ensemble, parfois pour compléter des fiches d'activités proposées aux filles. Les annales sont toutefois apparues comme incontournables lors de la préparation au bac, il ne s'agissait plus seulement de connaissances mais de codes scolaires. 
  •  Si leurs demandes sont suivies, si une journée d'IEF ne ressemble jamais exactement à une autre, si nos projets de journée sont régulièrement chamboulés, si ce sont elles qui choisissent ce qu'elles font et à quel moment elles le font, je ne suis pas disponible toute la journée et tous les jours de la semaine pour des échanges liés à une instruction plus formelle ou des supports partagés. Au début je répondais à leurs demandes à chaque fois qu'elles le souhaitaient, cela m'étouffait car je n'avais plus de temps pour m'investir dans ce que je voulais ou ce que j'avais à faire donc assez rapidement je leur ai signalé que ce ne serait plus le cas et je leur ai indiqué être dispo à partir de 9h jusqu'à 16h environ, à elles de voir comment s'organiser. En général elles terminaient rapidement leur activité ou jeu et venaient. Parfois j'insistais, rappelant qu'ensuite ce ne serait plus possible avec moi. 
  • Comme écrit en début d'article, il est important pour moi d'être là, de "nourrir" mes enfants. Pour cela je rebondis donc sur leurs diverses demandes ou j'ai anticipé, proposant en fonction de ce que je pensais susceptible de les intéresser (au passé car plus rare aujourd'hui, j'y reviendrai tout à l'heure). Mais j'ai également fait des propositions qui me semblaient intéressantes pour elles et qui a priori ne leur parlaient pas. Ainsi lorsque, petite, l'une de mes filles n'écrivait pas, j'ai proposé des dictées à l'adulte mais également d'écrire avec de la pâte à modeler, de manipuler des balles de jonglage, etc. Pour chaque apprentissage non envisagé et proposé, j'expliquais pourquoi il me semblait intéressant pour elles. Dernièrement j'ai ainsi proposé des séances de dessin qui ont fait froncer les sourcils de L. Je l'ai encouragée à nous rejoindre, à essayer quelques minutes et à partir si ça ne lui parlait pas. Sans doute davantage pour me plaire que par curiosité, elle nous a rejointes, cinq minutes puis 10 puis... lors d'une séance "ours" elle a tout à coup découvert qu'elle s'était prise au jeu et était devenue "accro" à ces moments ! ☺ Pour d'autres domaines, j'ai constaté la même chose : parfois il suffit seulement de laisser du temps, de changer de support ou d'approche pour que l'enfant/le jeune s'investisse.
  • De leur côté elles explorent elles-mêmes, n'attendant pas mon bon vouloir. Lorsque le plaisir de découvrir, d'explorer est maintenu, le goût de chercher l'est également. Et nos enfants libres d'apprendre autrement savent eux-mêmes chercher des pistes pour répondre à leurs questions, leurs besoins. Ainsi elles ont appris quelques notions de codage sans moi et plus récemment M. a décidé de gérer seule son apprentissage du vietnamien, elle va jusqu'à créer des supports pour elle-même. 


Apprentissage autonome avec des pierres pour le moins surprenantes :                 


  L'expérience m'a appris qu'à être trop pressé, des blocages pouvaient être crées. Il ne suffit pas de le décider pour qu'un enfant marche, c'est la même chose pour la lecture, le calcul et tout autre apprentissage, a fortiori si le fonctionnement de l'enfant est particulier.
Au contraire un apprentissage qui a du sens, un apprentissage présenté au bon moment perdure  puisque l'apprenant (enfant, jeune, adulte) s'investit, puisqu'il est prêt (physiquement et psychologiquement), puisqu'il en perçoit l'intérêt.
D'autre part en changeant mon regard et mon approche bien des difficultés se sont ainsi estompées. 

   Avant je craignais que des valeurs comme le sens de l'effort, la persévérance soient absentes chez mes filles si je choisissais les apprentissages autonomes, ce n'est pas ce qui s'est produit. Est-ce parce que si elles ont toujours été libres de refuser un support, j'ai parfois insisté lorsqu'elles étaient enfants ? Difficile d'affirmer quoi que ce soit sans l'avoir testé, mais pouvoir refuser, s'investir dans ce qu'elles apprenaient a certainement contribué à ce qu'elles s'investissent encore dans leurs apprentissages, à maintenir leur bonheur d'apprendre. En outre, un adolescent aime être acteur à part entière des choix qui le concernent. Les enfants apprennent également par l'exemple : je m'investis dans ce que je fais, j'ai pour principe de terminer ce que j'ai commencé, de ne pas renoncer au premier obstacle. Par conséquent je les ai encouragées dans le même sens si le problème n'était pas une inadéquation du support mais une certaine pénibilité et au fil des années j'ai entendu les filles répéter le même discours. De plus lorsqu'elles sont découragées, j'ai pour habitude de leur dire qu'il faut parfois un peu de temps et souvent une autre approche, elles ont appris à contourner le problème, à l'envisager autrement pour découvrir une autre solution, leur solution. Finalement en acceptant de reléguer un support qui ne convenait pas, je leur ai permis de chercher d'autres solutions souvent plus adéquates. En les encourageant à suivre leurs intérêts, elles ont appris à s'investir totalement.

   Si vous êtes parvenus à la fin de ce très long billet, c'est que le sujet vous intéresse. ☺ J'espère que ce billet aura nourri votre propre réflexion. Une fois de plus je ne prétends pas que ma réponse est la réponse parfaite, je ne suis toujours pas Super maman, je partage simplement ici ma propre réflexion, mes propres constats.

Si vous souhaitez poursuivre une réflexion autour du unschooling, je vous invite à découvrir ici le blog "rethinking parenting" (en anglais).


Mes livres afin d'en savoir plus sur l'instruction en famille :

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Commentaires

  1. merci pour ce beau témoignage (que j'ai lu en entier !!!). Je commence les apprentissages autonomes avec mes 3 filles et c'est chouette d'avoir des retours d'expérience comme le vôtre :)) Ca met en confiance ! Pour moi, c'est la maniere qui me parle le mieux. La question reste toujours celle des inspections... Votre choix a t-il toujours été respecté ? Comment vous y prenez-vous pour préparer les contrôles ? Vous prenez régulièrement des notes en cours d'année pour vous aider à justifier des progrès de vos enfants, le jour du contrôle ?

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    1. Bonjour Morwan et merci pour votre retour. :)
      Lors des contrôles pédagogiques, j'ai précisé que je m'adaptais à mes filles, à leurs besoins sans préciser que nous pouvions rester plusieurs semaines ou mois sans étudier tel ou tel domaine, nous avions toujours des supports à montrer (photos, photocopies, supports divers) et je précisais ce que nous avions étudié en tenant compte des différents items du socle commun. De cette manière je pense que c'était plus facile pour eux de voir ce qui correspondait à leurs cases habituelles.
      Maintenant si au niveau primaire, tout s'est passé sans encombre, au niveau collège il a fallu se battre davantage car une convocation dans un collège avec des tests et méthodes collège, c'était très différent de notre approche et même de ce que nous apprenions ! Cette année ça devrait être le dernier contrôle, je ne détaille plus autant, notre instruction n'est toujours pas traditionnelle, je vais donc essayer de préparer un rapport qui reprenne ce qui correspond et une fois encore me présenter avec tous nos supports... plus simple tout de même lorsque ça se passe à la maison, mais à force d'insister, à force qu'ils constatent que les filles sont réellement instruites, nous avons obtenu de ne pas aller dans un collège, j'ai bon espoir d'avoir face à moi des personnes intelligentes qui regarderont ce qui est fait.
      Bon week-end !

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    2. Merci Lise Isa pour votre réponse :)
      Au niveau college, pas moyen d'eviter les tests ? Vos filles se sont-elles adaptées seules ou bien vous les avez préparées avant les tests aux questions formulées de maniere scolaires ?

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    3. Elles ont subi des tests oraux une année, l'année où j'étais en plein Burn out et où je n'avais pas la même ténacité pour les refuser... Le rapport a dans l'ensemble été positif malgré tout. Par contre je ne les ai jamais préparées par des révisions ou situation scolaire, cela aurait été à l'encontre de mes choix pédagogiques qui étaient de ne pas leur imposer d'évaluations.

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  2. Nous avons la même façon de voir (de pratiquer) les apprentissages autonomes.

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  3. Bonjour ! Merci pour ce superbe article, c'est exactement ce que je cherchais... j'essaye de nourrir ma réflexion et mon choix le temps que mon fils de 17 mois grandisse. Ce que vous expliquez me parle, résonne en moi. Quelle aventure nous attend !

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