Si oui, alors vous savez l'importance du regard, ce besoin que l'autre nous regarde, ce bonheur lorsqu'il le fait. Dans les couples en détresse, l'un des deux formule souvent "Il/elle ne me regarde plus"... C'est dire l'importance de ce regard.
L'an dernier, j'ai adopté un border collie. Un chien attachant, mais un chien avec un caractère sensible et des valises (syndrome du chenil). Notre histoire s'est construite sur un coup de foudre partagé, mais aussi des situations peu évidentes et notamment, peurs et instinct de border, des pincements sur mon mari. L'erreur est humaine : un éducateur formidable a pris une mauvaise décision. Le soir-même, notre toutou a cherché à me mordre. Perte de confiance, j'ai cessé de le regarder ou je l'ai regardé en coin... La confiance a continué de glisser jour après jour... Les problèmes de comportement étaient plus forts. Notre complicité explosait. Il ne me répondait plus. Lui aussi a commencé à moins me regarder. La communication a été rompue.
Et puis... Une remarque anodine : une éducatrice canine a été impressionnée par le fait qu'il me cherche énormément du regard. Je croyais qu'il ne me regardait plus ou à peine, il me cherchait au contraire.
Ce jour-là j'ai compris.
J'ai compris qu'il avait besoin que je le regarde de nouveau. Vraiment.
Alors je l'ai regardé. Je lui ai souri. Malgré la peur que j'avais pu ressentir, je lui ai rendu ma confiance. Il m'a regardée avec tout l'amour qu'un chien peut porter à son compagnon ou sa compagne, un amour infini, inconditionnel. Le même amour qu'un enfant nous offre...
Notre relation s'est reconstruite. Pas après pas.
Puisque je suis quelqu'un qui analyse, j'ai pris le temps de réfléchir aux enfants et aux situations de crise. Mes enfants ont un profil particulier. Elles ont vécu des moments très difficiles à des moments différents de leur vie. Bon sang, ce que c'est alors difficile. L'enfant ou l'ado nous teste, exprime souffrance et colère. Difficile de ne pas se sentir atteint(e). Et pourtant, j'ai appris que même si les mots sont parfois très durs, surtout lorsqu'ils ne sont pas mérités, ce n'est pas contre nous qu'ils sont lancés.
J'ai également appris que dans ces moments-là le besoin d'être regardé(e) est plus fort que jamais et que, souvent, d'ailleurs un regard moins réel est une des causes du problème.
Regarder vraiment, ce n'est pas juste poser son regard. Ce n'est pas croiser deux regards. Ce n'est pas poser un regard sur l'enfant et un autre sur son écran. Ce n'est pas être pressé et sourire à la va vite.
Regarder vraiment, c'est se poser.
Prendre le temps de voir.
D'être là, présent ou présente.
N'attendons pas que nos enfants souffrent, nous ne choisirons pas les épreuves qu'ils traverseront, n'oublions pas de les regarder.
Aujourd'hui, j'ai donc créé 8 défis regard qui sont à télécharger gratuitement dans ma rubrique "Accompagner".
Petite mise en garde toutefois : si votre enfant est autiste, ne forcez jamais le regard, évitez le regard fixe. Observez votre enfant. Montrez-lui simplement que vous êtes là, que vous le voyez, que vous l'aimez tout simplement.
Bons échanges !
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