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Anxiété et autisme (mais pas seulement) : 10 causes à prendre en compte

L'anxiété n'est pas réservée à l'autisme et être autiste ne signifie pas toujours être anxieux. C'est pourquoi j'ai ajouté "pas seulement".
Si je mets un peu de sel dans ma soupe, je sentirai à peine ce sel, mais si je renverse une bonne partie de la salière, il  me sera difficile d'avaler ma soupe. Les dix causes sont comme le sel. Plus il y en a, plus l'anxiété est dure à gérer, plus les difficultés sont grandes. 
 
Commençons par les causes qui concernent  toute personne anxieuse :

1- La sensibilité

Plus une personne est sensible, plus elle est touchée par tout ce qui ce passe autour d'elle. 
Concernerait environ 1 personne sur 5.
Pistes de réflexion : apprendre à prendre soin de sa sensibilité, à faire des pauses, à exprimer sa sensibilité lorsqu'elle est trop forte et surtout trouver des personnes de confiance pour le faire car la sensibilité est parfois utilisée contre nous. Soyons fiers d'être sensibles et si quelqu'un se moque, c'est son problème à lui, pas le nôtre.

2- L'empathie

Elle est souvent liée à la sensibilité, mais ce n'est pas toujours vrai. L'empathie est la capacité à ressentir les émotions des autres. Les plus doués d'entre nous sont capables de savoir que ce ne sont pas nos émotions, capables également de s'en détacher.  Lorsque l'empathie est très forte, très grandes difficultés à dissocier émotion d'autrui et ses émotions (en particulier si autisme associé). 
Et cela peut aller loin... L'école a été très dure à vivre par mon enfant autiste, à tel point que nous avons déscolarisé. Or, récemment, j'ai découvert les textes souvent choisis : ver découpé en deux entre deux canetons qui se disputaient pour l'avoir, ogresse qui mangeait les enfants, etc. Pour vous, ce n'est peut-être rien. Pour elle qui n'arrivait pas à exprimer ses émotions, qui ne racontait rien, c'était une violence bien trop fréquente... 
Piste de réflexion : choisir avec soin les textes... Dans la mesure du possible, dans nos programmes, je veille à éviter les textes qui heurtent les jeunes sensibilités. Il importe que l'enfant soit tout d'abord capable d'exprimer ce qu'il vit, même pas encore ce qu'il ressent. Sinon comment le rassurer ?

3- Le vécu

Plus le vécu est lourd- et chacun n'est pas touché par la même chose-, moins il a été digéré, plus l'anxiété grimpe. 
Pistes de réflexion : prendre le temps de parler du vécu, mais sans excès de mots si autisme, prendre le temps de digérer le vécu, ne jamais sous-estimer l'impact d'un vécu. 

4- Le caractère et la capacité à rebondir

Très culpabilisant et source de perte en confiance en soi pour l'angoissé qui le réalise : nous ne sommes pas tous identiques, nous n'avons pas le même caractère, pas la même capacité à rebondir. Pour me risquer une fois encore à une comparaison : c'est comme une Ferrari et une 2 chevaux, on fait avec notre capital.
Pistes de réflexion : s'accepter, réaliser  que certes on rebondit moins bien, mais qu'on a en revanche telle ou telle qualité. Exemple inversé : je suis dotée d'une grande capacité à rebondir, mais j'ai une résistance physique nullissime et je passe mon temps à me perdre car très difficile de me repérer. Une autre personne rebondira difficilement, mais excellera en repérage ou résistance physique par exemple. Et puis la bonne nouvelle, c'est que cette capacité à rebondir peut être améliorée !

5- Le stress de l'entourage

On tend à rendre responsable le parent (souvent la maman) lorsqu'il y a angoisse. C'est oublier un peu vite les particularités de chacun ! Cependant, c'est un fait aussi : si le parent s'angoisse de tel ou tel évènement, il transmet malgré lui son stress, plus particulièrement si l'enfant est empathe. 
Pistes de réflexion : apprendre à gérer sa propre anxiété; montrer qu'on peut être anxieux et gérer la situation, mieux encore qu'on peut vivre une belle expérience malgré l'anxiété.

6- Les gênes et l'histoire de la famille

Avez-vous remarqué que souvent plusieurs personnes sont anxieuses aussi dans les générations précédentes ? De plus, lorsque des évènements particulièrement difficiles ont été vécus par une personne, ils se sont inscrits dans tout son corps. Or de quoi est, entre autres,  fait un enfant ? De gênes... Gênes nécessairement impacté par ces évènements.
Pistes de réflexion : prendre conscience du bagage familial, en parler si besoin afin de mieux l'évacuer/le vivre/comprendre. Réaliser aussi que ça fait partie intégrante de soi et l'accepter. 

Les propositions suivantes sont généralement liées à l'autisme sans que ce soit une exclusivité.

7- L'hypersensorialité

On mêle souvent hypersensibilité et hypersensorialité. Pourtant, il y a une différence entre les deux. L'hypersensorialité concerne l'hyperdéveloppement des sens.Cette particularité est plus fréquente chez les personnes autistes (sans que toutes les personnes autistes soient concernées), mais elle ne leur est pas réservée. Exemple : sentir et être gêné par des odeurs que d'autres ne perçoivent pas ou qui sont correctement traitées par une personne sans difficulté (le problème de traitement d'information sensorielle est fréquent chez une personne autiste).
Une hypersensorialité, ce n'est pas simple. Mais imaginez lorsque les six sont en cause (j'y ajoute la proprioception). Il est difficile alors de ne pas être "envahi" par ce qui est perçu.
Pistes de réflexion :apprendre à connaître ses limites sensorielles afin d'éviter la sur-stimulation qui conduit à un épuisement et une crise d'angoisse.

8- L'environnement

Dans un environnement inadapté : non prise en compte des besoins essentiels y compris besoins essentiels liés à la personne et ses particularités, sursollicitation, classe bruyante par exemple quand il y a hypersensorialité auditive, l'épuisement et l'angoisse sont souvent au rendez-vous... 
Pistes de réflexion : adapter ou transformer l'environnement. 

Remarque intermédiaire : rarement d'étiquette pour tous ces besoins là... on commence à parler d'hypersensibilité sans que cela donne lieu à de vraies adaptations scolaires ou plus tard de la société. Selon moi, il est donc important que nous développions notre capacité à vivre ensemble et à comprendre que l'autre a des besoins qui ne sont pas toujours les nôtres. Avec ou sans étiquette. Il a besoin de moins de bruit ? Est-ce si compliqué de baisser le son ?

Difficultés propres à l'autisme.

9- Les difficultés associées

Si l'hypersensibilité, l'hypersensorialité, l'anxiété ne sont pas propres à toute personne autiste, l'autisme est un mode de fonctionnement différent. Or lorsqu'on fait partie d'une minorité, il n'est pas toujours simple de comprendre la majorité. Ainsi, par exemple, en plus des difficultés à s'intégrer, à comprendre les codes des autres, les sens figurés sont compliqués à saisir et le langage imagé peut provoquer de sérieuses crises d'angoisse. Il faut apprendre à décoder ces double sens, apprendre à prendre du recul et quand l'anxiété est là, c'est compliqué... Important de comprendre aussi qu'il y a des nuances de bleu (couleur associée à l'autisme) et que tous n'ont pas le même "degré" de difficulté.
Pistes de réflexion : apprendre le sens des double sens, améliorer sa connaissance des codes de la "majorité", etc. Réaliser le risque d'interprétation erronée.  Et pour l'entourage ou les personnes en contact brièvement ou plus longuement comprendre que le langage à double sens peut être source d'angoisse, l'éviter si la personne est en "sur-gestion", expliquer dans le cas contraire si l'inquiétude pointe son nez.

10- Le besoin de distance

Un certain nombre de personnes autistes supportent difficilement d'être touchées, plus encore lorsqu'elles vivent une crise d'angoisse. Il est important de le comprendre et le respecter. Le revers est aussi qu'elles ne peuvent "sentir" l'énergie apaisante d'une personne qui parvient à gérer son stress pour placer amour et apaisement dans son coeur. 
Pistes de réflexion : ne jamais entrer dans le périmètre sécuritaire d'une personne autiste qui n'est pas prête à ce que vous y entriez. Essayer de trouver avec cette personne ce qui peut l'aider : respirations profondes, que la personne autiste touche l'épaule, etc.

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