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Etre parent, c'est aussi "redevenir" enfant (en particulier si enfant "difficile", TDA, autiste)

Pendant des mois, nous avons attendu ce petit être qui allait combler nos vies. Nous avons rêvé, nous l'avons imaginé et enfin, il est arrivé !
Les premiers moments sont souvent des moments de grand bonheur. 
Parfois, pourtant, très vite, certaines rencontres mettent à l'épreuve notre patience, notre résistance car certains bébés ou enfants (si adoption) ont de grands besoins.
Plus l'enfant grandit, plus il peut être difficile de gérer certains besoins ou certains comportements.
C'est le cas en particulier si l'enfant est autiste ou souffre d'un trouble de l'attention avec hyperactivité. En effet, l'apprentissage par l'exemple, un accompagnement bienveillant ne suffisent pas toujours et la fatigue est souvent au rendez-vous. 
 
Et puis, il existe une réalité bien peu évoquée : lorsqu'on devient parent, on redevient aussi enfant.

Devenir parent, c'est aussi redevenir un enfant

Nous pouvons être des adultes responsables, avoir peut-être même des postes à responsabilités, ça ne change rien, nous redevenons tous plus ou moins enfant lorsque nous avons un enfant. Notre propre enfance s'invite au rendez-vous.

Complicité

Sur l'image ci-dessus, nous voyons un garçon et sa maman jouer à la balançoire. Bien sûr, il s'agit tout d'abord de cette réalité-là : cette réalité de jeu, de connivence et cette réalité là est la meilleure des réalités pour notre relation parent-enfant car elle est empreinte de complicité, de moments partagés, de tendresse échangée, de lien cultivé. 
Pourtant, cette réalité-là tend à être oubliée lorsque le profil de l'enfant fait qu'il nous sollicite énormément, qu'il semble nous défier...

Besoins en rivalité

Le premier souci lorsque l'enfant a de grands besoins, ce sont nos besoins qui peuvent entrer en rivalité, notamment :
  • besoin de calme surtout si l'enfant crie
  • besoin de repos
  • besoin de travailler, nous occuper de nos projets
  • besoin de parler avec un proche ou de bavarder
  • besoin même de boire ou manger alors que l'enfant semble vouloir une intervention tout de suite
  • besoin de sortir

Avec un enfant suffisamment grand et sans profil particulier, les années seront notre alliée et il sera de plus en plus facile de concilier nos besoins communs si on a opté pour la bienveillance. 

En attendant, il s'agit de trouver des compromis : "tu as besoin que je vienne, je t'accorde quelques minutes puis je vais boire" ou bien "j'ai vraiment très soif, afin de mieux te parler, je bois un peu et j'arrive. Veux-tu boire avec moi ?" (parfois en fait d'ailleurs le véritable besoin non identifié de l'enfant était la soif).

En apprenant à gérer ainsi les besoins communs, l'enfant comprend que l'adulte a aussi des besoins et qu'il sait les écouter. C'est un bon exemple pour lui, un exemple qui lui permettra d'apprendre à respecter son corps et ses propres besoins tout en tenant compte de ceux des autres. 

L'enfant caché en nous

Le souci, c'est que souvent, d'autres besoins sont ignorés. Ce sont nos besoins d'estime, d'appartenance, de respect, de sécurité... On pourrait croire que seuls les besoins d'aujourd'hui sont à prendre en compte. Or c'est faux. Ceux d'autrefois, ceux de l'enfant ou l'adolescent que nous étions refont surface.

Notre enfant est une personne très importante pour nous. Or plus les émotions sont fortes, plus les tensions peuvent s'exarcerber... 

Si en plus notre enfant nous ressemble physiquement ou psychologiquement, il nous renvoie plus encore à notre enfance... 

Il conteste ? Ce n'est pas nous qu'il remet en question, mais ce qu'on dit ou ce qu'on vient de faire. 

Souvent inconsciemment, lorsque l'enfant conteste ce qu'on vient de dire, on se sent agressé... Souvent, on se souvient de notre propre souffrance d'enfant lorsqu'on n'était pas écouté... alors machinalement on peut être tenté de reproduire la même chose : ne pas écouter parce que, face à nous, ce n'est plus notre enfant, c'est à la fois l'adulte qui ne nous écoutait souvent pas et nous enfant qui étions vertement critiqué (à raison certainement sinon c'est trop douloureux, à moins que justement les mots utilisés par lui et même par nous fassent écho à d'autres mots, le temps est suspendu, tout est mêlé/mélangé)Il est alors indispensable de revenir à l'instant présent : pourquoi l'enfant conteste-t-il ? Important de réaliser qu'il ne nous conteste pas nous, il conteste ce qu'on dit. A-t-il raison ? Sommes-nous injuste ? Sommes-nous trop exigeant ? 

Il a de mauvais résultats scolaires ? Il n'est pas pour autant un cas désespéré !

Lorsque l'enfant a de mauvais résultats scolaires, lorsque l'école le critique ouvertement, prétendant qu'il n'y a pas d'avenir pour cet enfant (et au passage quelle violence ! comment donner l'espoir à un enfant si on lui dit qu'on ne veut plus de lui, qu'on ne peut rien faire de lui ?...). La violence ressentie est encore plus forte lorsque nous-même, nous avons vécu la même chose et alors que ce système a brisé plusieurs de nos ailes, nous entrons en colère contre l'enfant. Nous revivons la honte ressentie alors, les regrets, la peur de l'échec pour lui...

Et si on se demandait pourquoi l'enfant n'étudie pas ? Pourquoi il "fait le guignol" en classe ? Et si on oubliait l'enfant d'autrefois, la souffrance qu'on avait endurée enfant et qu'une fois encore, on le regardait lui. Un enfant qui "fait le guignol", c'est un enfant qui recherche l'attention. Pourquoi ? Par ennui ? Parce qu'il ne trouve pas sa place ? Parce qu'il se sent jugé en permanence ? Et on se demande pourquoi si l'école répète sans arrêt qu'il n'a sa place nulle part et qu'il doit "faire des efforts"... Quels efforts a consenti l'école ? Une modification de l'approche pédagogique ? Une modification de la communication (autre que les punitions à tour de bras) ? Une possibilité de bouger plus, en particulier si enfant hyperactif ou enfant ayant d'énormes besoins de mouvements ? Une possibilité de s'isoler pour l'enfant hypersensible? Une aide à l'inclusion au groupe classe ? L'école a-t-elle réalisé combien en ce contexte de pandémie, il était extrêmement difficile de se motiver et concentrer ? Et d'ailleurs comment garder la motivation lorsqu'on vous dit que vous êtes "un cas perdu" ? Et si l'école commençait par donner l'exemple ? Un enseignant bienveillant, au contraire, ça change tout ! Ainsi, un même enfant avec un enseignant qui répète "il ne fait rien, il n'arrivera à rien" risque fort de ne pas progresser quand il s'investira avec un enseignant qui valorise ses réussites et s'efforce de s'adapter.

De plus, ce n'est pas pour rien si bien des enfants hyperactifs ont bien moins de difficultés de comportement en instruction en famille : leurs besoins sont beaucoup mieux respectés... L'enfant peut se lever, bouger, changer d'activités, il peut avoir une autre approche des apprentissages, il est accepté comme il est et ça change tout !

Il hurle après nous, il nous insulte. Ne pas le prendre personnellement et en chercher la cause.

Il est probable que cet enfant exprime maladroitement un besoin et une difficulté de communication.

Celle-ci et la situation où l'enfant nous frappe sont les plus difficiles des situations. Pourtant, elles traduisent toujours une souffrance et un souci de communication. 

Le petit enfant n'a aucun filtre. Il est donc fréquent qu'il hurle, morde, frappe. Il utilise ce qu'il maitrise le mieux : son corps. Dans ce cas, il est important de lui répondre le plus calmement possible. Et s'il continue de frapper, de s'éloigner. Etre compréhensif ne signifie pas accepter d'être frappé. Un peu de distance peut donc être nécessaire tout en restant à portée de voix, de regard. Cependant, ce n'est pas toujours la réponse adaptée car parfois l'enfant a en fait besoin de boire, manger, de se reposer ou d'être pris dans les bras. Expérience et observation sont nos meilleurs alliés.

Mais pour cela, il faut commencer par comprendre que ces réponses ne sont pas des attaques personnelles. Nous ne sommes pas remis en question en tant que parent ou individu. Ce ne sont pas les rejets vécus autrefois, c'est un petit être en construction qui est face à nous

Lorsque l'enfant a eu une histoire difficile, lorsque l'enfant souffre d'un déficit de l'attention avec hyperactivité, lorsqu'il gère mal ses émotions, lorsqu'il est autiste, les difficultés de communication sont fréquentes. Là encore, il est important de se souvenir que ce n'est pas une mauvaise volonté de l'enfant, il lui manque des codes

Plus vous hurlerez, plus il hurlera.

Plus vous l'insulterez, plus il vous insultera.

Plus vous lui ferez de reproches, plus il vous en fera. 

La boucle infernale est alors lancée : la communication entre vous devient prise de force, conflit permanent, les difficultés s'accentuent...

Le risque est qu'il fasse de plus en plus n'importe quoi car non seulement il ne découvre pas les bons codes par l'exemple, mais il pense de plus en plus que c'est ainsi qu'il faut communiquer.

Les "bons conseilleurs" sortent alors du bois : "il faut serrer la vis". Vous vous sentez dépassé, votre enfant est si difficile, vous essayez de "serrer" plus fort encore... et les difficultés grandissent... 

Ecouter, ce n'est pas ne rien faire. Ce n'est pas accepter les insultes, mais par exemple, c'est répondre calmement, quitte à glisser si l'enfant persiste "je te répondrai quand tu parleras sans hurler car j'ai mal aux oreilles". Là encore, c'est à nuancer car si l'enfant a cumulé des années de négation de lui-même, de difficultés de communication et plus encore s'il souffre de TDA avec hyperactivité ou d'autisme, il pourra difficilement y parvenir dans un premier temps. Ne croyez pas que tout est perdu. Il faut du temps pour bâtir une maison, il faut du temps pour donner des bases solides à un enfant. 

Lorsque l'enfant a cumulé des souffrances, lorsqu'il n'a pas su les exprimer, tout ça peut sortir n'importe comment et même sans lien apparent avec la situation du moment. La patience, le calme sont alors nécessaires. Et c'est très dur à vivre parfois ! En particulier lorsque la fatigue pointe son nez car l'enfant d'autrefois pointe alors son nez en nous et des souffrances anciennes se réactivent... Respirer, se souvenir : mon enfant n'est pas moi, ce n'est mon passé qui se joue là, que me dit mon enfant ?

Et puis oui, quand des souvenirs ont afflué, s'autoriser à en parler à quelqu'un d'autre, à son journal, s'autoriser à pleurer pour que l'enfant d'autrefois n'ait plus autant besoin d'hurler, pour qu'il souffre moins lorsque notre enfant réveille l'enfant d'autrefois. Ainsi, nous pouvons cultiver la complicité enfant d'aujourd'hui-enfant d'autrefois. 

Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver mes autres billets sur un accompagnement bienveillant ici et mes outils d'acompagnement en cliquant là (la majorité sont gratuits) dont un diaporama complet sur l'autisme (même s'il est bien entendu qu'un problème de communication n'implique pas un profil d'autisme). 


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